Pietro ARETINO (Pierre l'Arétin ou le Divin Arétin) | Martin Van Maele (illustrateur) | Luc Lafnet (illustrateur). Les Dialogues de Pietro Aretino, illustrations de Martin Van Maele. Paris, Au Cabinet du Livre (Jean Fort), 1927-1928 [Achevé d'imprimer par Maurice Darantière à Dijon en avril-mai 1927] 2 forts volumes in-8 brochés. Un des 60 exemplaires sur Auvergne avec 2 états des eaux-fortes (24 épreuves au total). Avec environ 60 vignettes gravées sur bois par Martin Van Maele. Très bon exemplaire.
Pietro ARETINO (Pierre l'Arétin ou le Divin Arétin) | Martin Van Maele (illustrateur) | Luc Lafnet (illustrateur)
Les Dialogues de Pietro Aretino, illustrations de Martin Van Maele.
Paris, Au Cabinet du Livre (Jean Fort), 1927-1928 [Achevé d'imprimer par Maurice Darantière à Dijon en avril-mai 1927]
2 forts volumes in-8 (25,5 x 16,5 cm) brochés de (4)-240-(6) et (4)-356-(4) pages. Avec 12 eaux-fortes hors-texte signées VM (Van Maele) dont 2 frontispices signés VISET (Luc Lafnet) et 4 culs-de-lampe et environ 60 de bois gravés tirés dans le texte (scènes lestes pour la plupart). Couvertures imprimées en noir et rouge à la date de 1928. Très bon état. Les dos légèrement plissés. Intérieur frais malgré d'inévitables rousseurs à quelques marges et plus marquées à quelques bas de feuillets (estampes préservées et protégées par des papiers pelure).
Premier tirage.
Tirage à 480 exemplaires seulement.
Celui-ci, un des 60 exemplaires sur Auvergne avec 2 états des eaux-fortes (en bistre avec remarque, état définitif et état non terminé d'eau-forte pure).
Comme l'indique un feuillet imprimé encore présent (volant) à la fin du premier volume, les eaux-fortes et les dessins de Martin Van Maële sont les dernières oeuvres de l'artiste. Martin Van Maële est arrivé avec cet ouvrage à la pleine maturité de son talent. La mort est venue interrompre son effort. Martin Van Maële est mort le crayon à la main, pour ainsi dire, et il avait dû laisser inachevée l'illustration du present ouvrage.
Martin Van Maele meurt avant même d'avoir terminé l'illustration complète de ces 2 volumes. Les deux frontispices restaient à faire. L'éditeur (Jean Fort) a retenu le nom de Viset (Luc Lafnet) comme jeune dessinateur-graveur pour effectuer ce travail. Artiste dont il faut retenir le nom car il comptera très rapidement parmi les artistes dont les oeuvres seront recherchées des bibliophiles et des amateurs de beaux livres (note de l'éditeur imprimée sur feuillet volant).
C'est un des plus beaux livres illustrés publiés par Jean Fort de manière semi-clandestine (le nom de l'imprimeur est connu).
Martin Van Maele, alias Maurice François Alfred Martin (1863-1926) est l'un des illustrateurs emblématiques du premier quart du XXe siècle. On lui doit de nombreuses illustrations originales pour la littérature classique comme pour la littérature érotique. Sa carrière jusqu'en 1901 est mal connue. À partir de cette date, il débute en illustrant Les Premiers Hommes dans la Lune d'Herbert George Wells édités par Félix Juven. L'année suivante, Van Maele illustre quelques couvertures d'aventures de Sherlock Holmes publiées par le même éditeur. En 1901 également, il commence à travailler pour l'éditeur érotique Charles Carrington, illustrant des ouvrages sadomasochistes, mais aussi Anatole France et Apulée. Van Maele y publie également, en 1905, un ouvrage plus personnel, La Grande Danse macabre des vifs, quatre séries de dix dessins satiriques et humoristiques, dans lesquels la sexualité s'offre comme premier aperçu de la mort. Après l'expulsion de France de Carrington, en 1907, il travaille pour Jules Chevrel et illustre Choderlos de Laclos, Jules Michelet et Denis Diderot. De 1909 à 1919, Van Maele ne publie que cinq livres. À partir de 1920, il travaille avec Jean Fort et continue à illustrer des classiques de l'érotisme littéraire (l'Arétin, Paul Verlaine, Charles Sorel, etc.), en parallèle à des ouvrages de Pierre Mac Orlan, principalement sadomasochistes, mais laissant aussi place à des pratiques plus rarement évoquées en littérature, comme la klysmaphilie. En 1903, Van Maele s'installe à Varennes-Jarcy avec sa femme, sa mère et sa grand-mère. De 1904 à 1926, ils habitent une maison de la rue de Mandres. Il y meurt en 1926 alors qu'il achevait d'illustrer les Dialogues de l'Arétin.
Pierre l’Arétin (Pietro Aretino) est né en 1492 à Arezzo (l’Arétin signifiant « venant d’Arezzo »). Banni de sa ville natale, il passe une décennie à Pérouse avant d’être envoyé à Rome, où le riche banquier Agostino Chigi, mécène de Raphaël le prend sous son aile. L’Arétin fait parler de lui à Rome à travers ses satires mordantes et les Sonetti lussuriosi (Sonnets luxurieux), pièces assez crues qui servirent d’accompagnement textuel à 16 illustrations pornographiques de Giulio Romano (Jules Romain). Cet écart lui vaut de perdre la protection du pape Léon X. Ses Ragionamenti, propos d’une prostituée à divers interlocuteurs composés comme des raisonnements en forme de dialogue platonicien, tournent en dérision la société de son temps et particulièrement les sacrements religieux (vœux monastiques, mariage). Un des personnages est la Nanna, une ancienne courtisane qui évoque son expérience. Après une tentative d’assassinat sur sa personne, l’Arétin part vivre à Mantoue, puis enfin à Venise (la ville italienne la plus opposée au pape) en 1527, où il demeure jusqu’à sa mort. L’Arétin est l’auteur de cinq comédies (dont La Cortigiana et La Talenta) et de la tragédie Les Horaces (1546). Lors de son séjour à Venise, il publie également sa correspondance, mettant ainsi sous pression tout ce que l’Italie comptait de notables. Il n’épargne pas dans ses écrits satiriques les princes et les grands, ce qui le fait surnommer « le fléau des Princes » : la plupart, pour éviter les traits de sa satire, lui font des présents considérables, quelques-uns, cependant, ne le payent qu’avec le bâton. C’est ainsi que François Ier et l’empereur Charles Quint le subventionnent en même temps, chacun espérant quelque dommage pour son rival. Par orgueil, il s’appelle lui-même le « divin Arétin ». Sur la fin de sa vie, l’Arétin publie par ailleurs diverses œuvres pieuses (une traduction italienne des Psaumes de David, trois livres « sur l’humanité de Jésus Christ » ainsi qu’un livre sur la passion du Christ). D’après la tradition, la mort de l’Arétin aurait été à son image : on raconte que, au cours d’un copieux repas, une plaisanterie particulièrement obscène provoqua chez l’Arétin une incroyable crise de rire, au point qu’il tomba à la renverse et se fendit le crâne. L’Arétin était un ami personnel du Titien, qui fit au moins trois portraits de lui. Après sa mort, le pape Paul IV mit ses livres à l’Index. Il fut un proche de Giuseppe Betussi.
Référence : Luc Binet, Martin Van Maële ou le diable se cache dans les détails, éditions Humus, 2017 ; à propos de Martin Van Maele lire l'excellente étude publiée par Jean-Marc Barféty, Van Maele, in Une histoire familiale de Jean Genet (en ligne).
Très bon exemplaire de ce très beau livre illustré, ici en tirage de luxe sur Auvergne avec suite.
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