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Alphonse Daudet. Lettres de mon Moulin (Paris, Alphonse Lemerre, 1879). Un des 25 exemplaires de têtes sur papier Whatman avec la suite de 5 eaux-fortes originales par Félix Buhot. Très bel exemplaire parfaitement établi à l'époque par Pagnant en maroquin.

 

DAUDET, Alphonse. BUHOT, Félix (illustrateur).

 

Lettres de mon Moulin. Œuvres de Alphonse Daudet. Edition définitive.

 

Paris, Alphonse Lemerre, 1879

 

1 volume in-18 (17,7 x 12 cm) de (4)-256-(1) pages. Portrait de l'auteur en frontispice par Martinez (3 états sur Whatman). 5 eaux-fortes hors-texte par Félix Buhot (tirage avant la lettre sur Whatman).

 

Reliure de l'époque plein maroquin vermillon, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, plats encadrés de filets dorés et fleurettes dans les angles à la Du Seuil, large jeu de filets et roulettes dorés en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tête dorée, non rogné, relié sur brochure à toutes marges (reliure signée PAGNANT). Reliure et intérieur frais. Quelques marges légèrement empoussiérées (témoins dépassants).

 

Nouvelle édition.

 

Un des 25 exemplaires du tirage de tête sur papier Whatman, numéroté et signé à la plume par l'éditeur Alphonse Lemerre.

 

Il a été tiré également 50 exemplaires sur vergé et 50 exemplaires sur Chine, seuls grands papiers.

 

La suite complète des 5 compositions originales par Félix Buhot a été reliée à l'époque dans l'exemplaire dans le rare tirage sur Whatman également, à très petit nombre.

 

Le portrait de l'auteur par Martinez est ici en trois états (noir état définitif, sanguine et noir état non terminé), tous sur papier Whatman également, à très petit nombre.

 

Les Lettres de mon Moulin paraissent pour la première fois en volume chez l'éditeur Jules Hetzel en 1869 avec pour sous-titre "Impressions et Souvenirs". Il n'a pas été tiré de grands papiers de cette première édition devenue rare et très recherchée. Les textes contenus dans ce volume avaient paru tout d'abord dans la presse, dans L’Événement de Villemessant, dans Le Bien public et surtout dans Le Figaro qui absorbe le premier. "La Diligence de Beaucaire" est publié pour la première fois dans Le Figaro le 16 octobre 1868. "Le Vieux" est publié dans Le Figaro pour la première fois le 23 octobre 1868. "La Mule du Pape" est publié pour la première fois au Figaro le 30 octobre 1868. "Le Portefeuille de Bixiou" est publié pour la première fois le 17 novembre 1868 dans Le Figaro. "Le Phare des sanguinaires" est publié le 22 août 1869 pour la première fois dans Le Figaro. "Les deux Auberges" paraît pour la première fois le 25 août 1869 dans Le Figaro. "L’Elixir du Révérend Père Gaucher" paraît pour la première fois dans Le Figaro le 2 octobre 1869. C'est dans ce recueil qu'on trouve l'inoubliable Chèvre de monsieur Seguin qui fit travailler la mémoire de plusieurs générations d'écoliers. On y trouve encore L'Arlésienne, Le Curé de Cucugnan, La légende de l'Homme à la cervelle d'or, Le secret de maître Cornille, Le poète Mistral, etc.

 

L'édition définitive publiée par Alphonse Lemerre en 1879 (achevée d'imprimer le 15 novembre 1878), soit dix ans plus tard, consacre l'immense succès de ce recueil de nouvelles devenu iconique pour de nombreuses générations de lecteurs. 

 

Alphonse Daudet fut une figure de la bohème parisienne dès 1857 (il n'a que 17 ans quand il arrive à Paris pour y rejoindre son frère Ernest). Il portait beau avec une chevelure longue à la sauvage qui attira bien des demoiselles. Il contracte rapidement la syphilis qui lui est offerte en présent par une dame de l'entourage de l'impératrice Eugénie. Il en souffrira toute sa vie avec des complications provocant une ataxie locomotrice qui l'oblige à marcher avec des béquilles. Il collabore à divers journaux. il publie en 1858 un recueil de vers, Les Amoureuses, et entame la même année une liaison avec Marie Rieu, une jeune modèle aux mœurs faciles. Elle devient sa maîtresse officielle et elle lui inspire le personnage du roman Sapho. Il rencontre l'année suivante l'écrivain Frédéric Mistral et ce sera le début d'une grande amitié. La correspondance nourrie qu'entretiendront les deux hommes pendant près de 40 ans ne sera ternie que lorsque Daudet publiera L'Arlésienne (1869) et le roman Numa Roumestan (1881), caricatures du tempérament méridional. En 1860 (il n'a que 20 ans), il est engagé comme secrétaire du duc de Morny (1811-1865), demi-frère de Napoléon III et président du Corps Législatif. Ce travail de secrétaire lui laisse beaucoup de temps libre qu'il occupe à écrire des contes et des chroniques. Mais les premiers symptômes de la syphilis apparaissent et son médecin lui conseille de partir pour un climat plus clément. Il voyage ainsi en Algérie, en Corse, et en Provence. Puis le duc meurt subitement en 1865. Cela provoque le tournant décisif de la carrière d'Alphonse qui décide de se consacrer entièrement à l'écriture, comme chroniqueur au journal Le Figaro et comme écrivain. La fin de sa carrière d'écrivain célèbre de son vivant est ternie par ses positions antisémites et son soutient affiché à Edouard Drumont. Alphonse Daudet meurt à 57 ans en pleine affaire Dreyfus (16 décembre 1897), en ayant eu le temps d'afficher des convictions anti-dreyfusardes, malgré sa proximité avec Émile Zola. Celui-ci prononcera néanmoins son oraison funèbre au cimetière du Père-Lachaise.

 

Très belle illustration à l'eau-forte et aquatinte donnée par Félix Buhot (1847-1898), l'un des maîtres de l'estampe fin de siècle, reconnu pour la qualité de ses représentations animées, scènes de rues, etc. Les estampes pour les Lettres de mon moulin seront publiées à part sur divers papiers, avec un tirage avec marges symphoniques. Le présent volume, de petit format, ne permettait pas d'inclure un tirage avec marges symphoniques ici remplacé par le rare tirage sur Whatman, avant la lettre. Félix Buhot meurt à l'âge de 50 ans. Pour Buhot ces compositions étaient un véritable prolongement du texte. Ses estampes sont aujourd'hui très recherchées.

 

Très bel exemplaire, du rare tirage de tête, parfaitement établi à l'époque en maroquin par Pagnant.

Alphonse Daudet, Lettres de mon Moulin (1879) 1/25 ex. Whatman. Buhot. Maroquin.

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